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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

la seule raison qui m’a empêché de traiter de ces choses dans le discours de la Méthode qui étoit en langue vulgaire, et que j’ai réservé de le faire dans ces Méditations, qui ne doivent être lues, comme j’en ai plusieurs fois averti, que par les plus forts esprits.

Et on ne peut pas dire que j’eusse mieux fait si je me fusse abstenu d’écrire des choses dont la lecture ne doit pas être propre ni utile à tout le monde : car je les crois si nécessaires que je me persuade que sans elles on ne peut jamais rien établir de ferme et d’assuré dans la philosophie. Et, quoique le fer et le feu ne se manient jamais sans péril par des enfants ou par des imprudents, néanmoins, parcequ’ils sont utiles pour la vie, il n’y a personne qui juge qu’il se faille abstenir pour cela de leur usage.

Or, maintenant que dans la quatrième Méditation je n’aie eu dessein de traiter que de l’erreur qui se commet dans le discernement du vrai et du faux, et non pas de celle qui arrive dans la poursuite du bien et du mal ; et que j’aie toujours excepté les choses qui regardent la foi et les actions de notre vie, lorsque j’ai dit que nous ne devons donner créance qu’aux choses que nous connoissons évidemment, tout le contenu de mes Méditations en fait foi ; et outre cela je l’ai expressément déclaré dans les réponses aux secondes objections, comme aussi dans l’abrégé de mes Méditations ; ce que je dis