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QUATRIÈMES OBJECTIONS,

FAITES PAR M. ARNAUD, DOCTEUR EN THÉOLOGIE.

LETTRE DE M. ARNAUD AU R. P. MERSENNE.

Mon révérend père,

Je mets au rang des signalés bienfaits la communication qui m’a été faite par votre moyen des Méditations de M. Descartes ; mais comme vous en saviez le prix, aussi me l’avez-vous vendue fort chèrement, puisque vous n’avez point voulu me faire participant de cet excellent ouvrage, que je ne me sois premièrement obligé de vous en dire mon sentiment. C’est une condition à laquelle je ne me serois point engagé, si le désir de connoître les belles choses n’étoit en moi fort violent, et contre laquelle je réclamerois volontiers, si je pensois pouvoir obtenir de vous aussi facilement une exception pour m’être laissé emporter par cette louable curiosité, comme autrefois le préteur en accordoit à ceux de qui la crainte ou la violence avoit arraché le consentement.

Car que voulez-vous de moi ? mon jugement touchant l’auteur ? nullement ; il y a long-temps que vous savez en quelle estime j’ai sa personne, et le