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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

mun à l’une et à l’autre ; c’est à savoir que ce qui est par autrui, est par lui comme par une cause efficiente ; et que ce qui est par soi, est comme par une cause formelle, c’est-à-dire parcequ’il a une telle nature qu’il n’a pas besoin de cause efficiente ; c’est pourquoi je n’ai pas expliqué cela dans mes Méditations, et je l’ai omis, comme étant une chose de soi manifeste, et qui n’avoit pas besoin d’aucune explication. Mais lorsque ceux qu’une longue accoutumance a confirmés dans cette opinion de juger que rien ne peut être la cause efficiente de soi-même, et qui sont soigneux de distinguer cette cause de la formelle, voient que l’on demande si quelque chose est par soi, il arrive aisément que ne portant leur esprit qu’à la seule cause efficiente proprement prise, ils ne pensent pas que ce mot par soi doive être entendu comme par une cause, mais seulement négativement et comme sans cause ; en sorte qu’ils pensent qu’il y a quelque chose qui existe, de laquelle on ne doit point demander pourquoi elle existe. Laquelle interprétation du mot par soi, si elle étoit reçue, nous ôteroit le moyen de pouvoir démontrer l’existence de Dieu par les effets, comme il a fort bien été prouvé par l’auteur des premières Objections, c’est pourquoi elle ne doit aucunement être admise.

Mais pour y répondre pertinemment, j’estime qu’il est nécessaire de montrer qu’entre la cause