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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

conçu deux substances par deux différents concepts, qui n’ait jugé qu’elles étoient réellement distinctes. C’est pourquoi, si je n’eusse point cherché de certitude plus grande que la vulgaire, je me fusse contenté d’avoir montré en la seconde Méditation que l’esprit est conçu comme une chose subsistante, quoiqu’on ne lui attribue rien de ce qui appartient au corps, et qu’en même façon le corps est conçu comme une chose subsistante, quoiqu’on ne lui attribue rien de ce qui appartient à l’esprit : et je n’aurois rien ajouté davantage pour prouver que l’esprit est réellement distingué du corps, d’autant que nous avons coutume de juger que toutes les choses sont en effet et selon la vérité telles qu’elles paroissent à notre pensée. Mais, d’autant qu’entre ces doutes hyperboliques que j’ai proposés dans ma première Méditation, cettuy-ci en étoit un, à savoir que je ne pouvois être assuré « que les choses fussent en effet et selon la vérité telles que nous les concevons, » tandis que je supposois que je ne connoissois pas l’auteur de mon origine, tout ce que j’ai dit de Dieu et de la vérité dans la troisième, quatrième et cinquième Méditations, sert à cette conclusion de la réelle distinction de l’esprit d’avec le corps, laquelle enfin j’ai achevée dans la sixième.

« Je conçois fort bien, dit M. Arnauld, la nature du triangle inscrit dans le demi-cercle sans que je