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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

dent la foi et les actions de notre vie : ce qui a fait qu’il a toujours condamné l’arrogance et présomption de ceux qui opinent, c’est-à-dire de ceux qui présument savoir ce qu’ils ne savent pas, mais qu’il n’a jamais blâmé la juste persuasion de ceux qui croient avec prudence. Car, comme remarque fort judicieusement saint Augustin au chapitre XV, de l’utilité de la croyance, « il y a trois choses en l’esprit de l’homme qui ont entre elles un très grand rapport, et semblent quasi n’être qu’une même chose, mais qu’il faut néanmoins très soigneusement distinguer, savoir est, entendre, croire et opiner.

Celui-là entend qui comprend quelque chose par des raisons certaines. Celui-là croit, lequel, emporté par le poids et le crédit de quelque grave et puissante autorité tient pour vrai cela même qu’il ne comprend pas par des raisons certaines. Celui-là opine qui se persuade ou plutôt qui présume de savoir ce qu’il ne sait pas.

Or c’est une chose honteuse et fort indigne d’un homme que d’opiner, pour deux raisons : la première, pourceque celui-là n’est plus en état d’apprendre qui s’est déjà persuadé de savoir ce qu’il ignore ; et la seconde, pourceque la présomption est de soi la marque d’un esprit mal fait et d’un homme de peu de sens.

Donc ce que nous entendons nous le devons à