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OBJECTIONS ET RÉPONSES.

pas l’idée du froid, mais elle ne peut pas être fausse.

Mais, direz-vous, elle est fausse pour cela même qu’elle n’est pas l’idée du froid ; au contraire, c’est votre jugement qui est faux, si vous la jugez être l’idée du froid : mais pour elle, il est certain qu’elle est très vraie. Tout ainsi que l’idée de Dieu ne doit pas matériellement même être appelée fausse, encore que quelqu’un la puisse transférer et rapporter à une chose qui ne soit point Dieu, comme ont fait les idolâtres.

Enfin, cette idée du froid, que vous dites être matériellement fausse, que représente-t-elle à votre esprit ? une privation ; donc elle est vraie : un être positif ; donc elle n’est pas l’idée du froid. Et de plus, quelle est la cause de cet être positif objectif qui, selon votre opinion, fait que cette idée soit matériellement fausse ? « C’est, dites-vous, moi-même, en tant que je participe du néant. » Donc l’être objectif positif de quelque idée peut venir du néant, ce qui néanmoins répugne tout-à-fait à vos premiers fondements.

[1] Mais venons à la seconde partie de cette démonstration, en laquelle on demande « si, moi qui ai l’idée d’un Être infini, je puis être par un autre que par un Être infini, et principalement si je puis être par moi-même. » M. Descartes soutient

  1. Voyez Méditation III, tome I, page 284.