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dence et dans la clarté des idées. La pensée, esclave depuis deux mille ans, se relève avec la conscience de sa grandeur ; de toutes parts on crée des principes, et on les suit ; on consulte la nature, et non plus les hommes. La France, l’Italie, l’Allemagne et l’Angleterre travaillent sur le même plan. La méthode même de Descartes apprend à connoître et à combattre ses erreurs. Tout se perfectionne, ou du moins tout avance. Les mathématiques deviennent plus fécondes, les méthodes plus simples ; l’algèbre, portée si loin par Descartes, est perfectionnée par Halley, et le grand Newton y ajoute encore. L’analyse est appliquée au calcul de l’infini, et produit une nouvelle branche de géométrie sublime. Plusieurs hommes célèbres portent cet édifice à une hauteur immense : l’Allemagne et l’Angleterre se divisent sur cette découverte, comme l’Espagne et le Portugal sur la conquête des Indes. L’application de la géométrie à la physique devient plus étendue et plus vaste : Newton fait sur les mouvements des corps célestes ce que Descartes avoit fait sur la dioptrique, et sur quelques parties des météores ; les lois de Kepler sont démontrées par le calcul ; la marche elliptique des planètes est expliquée ; la gravitation universelle étonne l’univers par la fécondité et la simplicité de son principe. Cette application de la géométrie s’étend à toutes les branches de la physique, depuis l’équilibre des liqueurs