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tonnerre, et assigne l’origine des tempêtes qui bouleversent les mers, ou ensevelissent quelquefois l’Africain et l’Arabe sous des monceaux de sable.

Un spectacle plus riant vient s’offrir. L’équilibre des eaux suspendues dans le nuage s’est rompu, la verdure des campagnes est humectée, la nature rafraîchie se repose en silence, le soleil brille, un arc, paré de couleurs éclatantes, se dessine dans l’air. Descartes en cherche la cause ; il la trouve dans l’action du soleil sur les gouttes d’eau qui composent la nue : les rayons partis de cet astre tombent sur la surface de la goutte sphérique, se brisent à leur entrée, se réfléchissent dans l’intérieur, ressortent, se brisent de nouveau, et vont tomber sur l’œil qui les reçoit. Je ne cherche point à parer Descartes d’une gloire étrangère ; je sais qu’avant lui Antonio de Dominis avoit expliqué l’arc-en-ciel par les réfractions de la lumière ; mais je sais que ce prélat célèbre avoit mêlé plusieurs erreurs à ces vérités. Descartes expliqua ce phénomène d’une manière plus précise et plus vraie : il découvrit le premier la cause de l’arc-en-ciel extérieur ; il fit voir qu’il dépendoit de deux réfractions et de deux réflexions combinées. S’il se trompa dans les raisons qu’il donne de l’arrangement des couleurs, c’est que l’esprit humain ne marche que pas à pas vers la vérité ; c’est qu’on n’avoit point encore analysé la lumière ; c’est qu’on ne sa-