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ce n’est rien dire autre chose, sinon que Dieu est du nombre des choses dont je ne puis imaginer l’origine ; tout ainsi que dire que Dieu est infini, c’est de même que si nous disions qu’il est du nombre des choses dont nous ne concevons point les limites. Et ainsi toute cette idée de Dieu est réfutée ; car quelle est cette idée qui est sans fin et sans origine ?

Souverainement intelligente. Je demande aussi par quelle idée M. Descartes conçoit l’intellection de Dieu.

Souverainement puissante. Je demande aussi par quelle idée sa puissance, qui regarde les choses futures, c’est-à-dire non existantes, est entendue. Certes, pour moi, je conçois la puissance par l’image ou la mémoire des choses passées, en raisonnant de cette sorte : Il a fait ainsi, donc il a pu faire ainsi ; donc, tant qu’il sera, il pourra encore faire ainsi, c’est-à-dire il en a la puissance. Or toutes ces choses sont des idées qui peuvent venir des objets extérieurs.

Créateur de toutes les choses qui sont au monde. Je puis former quelque image de la création par le moyen des choses que j’ai vues, par exemple de ce que j’ai vu un homme naissant, et qui est parvenu, d’une petitesse presque inconcevable, à la forme et à la grandeur qu’il a maintenant ; et personne à mon avis n’a d’autre idée à ce nom de créa-