Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/488

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est-à-dire un être souverainement puissant, existe, il suit que, s’il y a un monde, il doit avoir été créé par lui.


OBJECTION VIe.

SUR LA TROISIÈME MÉDITATION.


[1] « Mais il y en a d’autres (à savoir d’autres pensées) qui contiennent de plus d’autres formes : par exemple, lorsque je veux, que je crains, que j’affirme, que je nie, je conçois bien à la vérité toujours quelque chose comme le sujet de l’action de mon esprit, mais j’ajoute aussi quelque autre chose par cette action à l’idée que j’ai de cette chose-là ; et de ce genre de pensées, les unes sont appelées volontés ou affections, et les autres jugements. »

Lorsque quelqu’un veut ou craint, il a bien à la vérité l’image de la chose qu’il craint et de l’action qu’il veut ; mais qu’est-ce que celui qui veut ou qui craint embrasse de plus par sa pensée, cela n’est pas ici expliqué. Et, quoique à le bien prendre la crainte soit une pensée, je ne vois pas comment elle peut être autre que la pensée ou l’idée de la chose que l’on craint. Car qu’est-ce autre chose que la crainte d’un lion qui s’avance vers nous, sinon l’idée de ce lion, et l’effet, qu’une telle idée engendre dans le cœur, par lequel celui qui craint

  1. Voyez Méditation iii, page 267