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RÉPONSE.


Par le nom d’idée, il veut seulement qu’on entende ici les images des choses matérielles dépeintes en la fantaisie corporelle ; et cela étant supposé, il lui est aisé de montrer qu’on ne peut avoir aucune propre et véritable idée de Dieu ni d’un ange : mais j’ai souvent averti, et principalement en ce lieu-là même, que je prends le nom d’idée pour tout ce qui est conçu immédiatement par l’esprit ; en sorte que, lorsque je veux et que je crains, parceque je conçois en même temps que je veux et que je crains, ce vouloir et cette crainte sont mis par moi au nombre des idées ; et je me suis servi de ce mot, parcequ’il étoit déjà communément reçu par les philosophes pour signifier les formes des conceptions de l’entendement divin, encore que nous ne reconnoissions en Dieu aucune fantaisie ou imagination corporelle, et je n’en savois point de plus propre. Et je pense avoir assez expliqué l’idée de Dieu pour ceux qui veulent concevoir le sens que je donne à mes paroles ; mais pour ceux qui s’attachent à les entendre autrement que je ne fais, je ne le pourrois jamais assez. Enfin, ce qu’il ajoute ici de la création du monde est tout-à-fait hors de propos : car j’ai prouvé que Dieu existe avant que d’examiner s’il y avoit un monde créé par lui, et de cela seul que Dieu,