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de nouveaux phénomènes des satellites déjà connus ! combien de mouvements irréguliers assigner à leurs véritables causes ! combien perfectionner les moyens d’étendre notre vue aux plus grandes distances, ou par la réfraction ou par la réflexion de la lumière ! combien attendre de hasards qui serviront mieux la philosophie que des siècles d’observations ! combien découvrir de chaînes et de fils imperceptibles, d’abord entre tous les êtres qui nous environnent, ensuite entre les êtres éloignés ! Et peut-être après ces collections immenses de faits, fruits de deux ou trois cents siècles, combien de bouleversements et de révolutions ou physiques ou morales sur le globe suspendront encore pendant des milliers d’années les progrès de l’esprit humain dans cette étude de la nature ! Heureux si, après ces longues interruptions, le genre humain renoue le fil de ses connoissances au point où il avoit été rompu ! C’est alors peut-être qu’il sera permis à l’homme de penser à faire un système du monde ; et que ce qui a été commencé dans l’Égypte et dans l’Inde, poursuivi dans la Grèce, repris et développé en Italie, en France, en Allemagne et en Angleterre, s’achèvera peut-être, ou dans les pays intérieurs de l’Afrique, ou dans quelque endroit sauvage de l’Amérique septentrionale ou des Terres australes ; tandis que notre Europe savante ne sera plus qu’une solitude barbare,