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nécessairement être admis, que de lui seul dépend la connoissance de toutes les choses, tant sensibles qu’insensibles ; car d’où savons-nous, par exemple, que le ciel existe ? est-ce parceque nous le voyons ? mais cette vision ne touche point l’esprit, sinon en tant qu’elle est une idée, une idée, dis-je, inhérente en l’esprit même, et non pas une image dépeinte en la fantaisie ; et, à l’occasion de cette idée, nous ne pouvons pas juger que le ciel existe, si ce n’est que nous supposions que toute idée doit avoir une cause de sa réalité objective qui soit réellement existante ; laquelle cause nous jugeons que c’est le ciel même, et ainsi des autres.

VI. Il y a divers degrés de réalité, c’est-à-dire d’entité ou de perfection : car la substance a plus de réalité que l’accident ou le mode, et la substance infinie que la finie ; c’est pourquoi aussi il y a plus de réalité objective dans l’idée de la substance que dans celle de l’accident, et dans l’idée de la substance infinie que dans l’idée de la substance finie.

VII. La volonté se porte volontairement et librement, car cela est de son essence, mais néanmoins infailliblement au bien qui lui est clairement connu : c’est pourquoi, si elle vient à connoître quelques perfections qu’elle n’ait pas, elle se les donnera aussitôt, si elles sont en sa puissance ; car elle connoîtra que ce lui est un plus grand bien de les avoir que de ne les avoir pas.