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grande ni aussi vaste ; personne n’avoit eu l’idée de rassembler toutes les observations faites dans tous les siècles, et d’en bâtir un système général du monde ; personne n’avoit fait un usage aussi beau des lois de l’équilibre et du mouvement ; personne, d’un petit nombre de principes simples, n’avoit tiré une foule de conséquences si bien enchaînées. Dans un temps où les lois du mécanisme étoient si peu connues, où les observations astronomiques étoient si imparfaites, il est beau d’avoir même ébauché l’univers. D’ailleurs tout sembloit inviter l’homme à croire que c’étoit là le système de la nature ; du moins le mouvement rapide de toutes les sphères, leur rotation sur leur propre centre, leurs orbes plus ou moins réguliers autour d’un centre commun, les lois de l’impulsion établies et connues dans tous les corps qui nous environnent, l’analogie de la terre avec les cieux, l’enchaînement de tous les corps de l’univers, enchaînement qui doit être formé par des liens physiques et réels, tout semble nous dire que les sphères célestes communiquent ensemble, et sont entraînées par un fluide invisible et immense qui circule autour d’elles. Mais quel est ce fluide ? quelle est cette impulsion ? quelles sont les causes qui la modifient, qui l’altèrent et qui la changent ? comment toutes ces causes se combinent ou se divisent-elles pour produire les plus étonnants