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bien quelque vérité, mais seulement en tant qu’elle est rapportée aux hommes ; et celles qui expriment une vérité plus simple et plus pure, et qui ne change point de nature, encore qu’elle ne leur soit point rapportée ; desquelles chacun doit user en philosophant, et dont j’ai dû principalement me servir dans mes Méditations, vu qu’en ce lieu-là même je ne supposois pas encore qu’aucun homme me fût connu, et que je ne me considérois pas non plus en tant que composé de corps et d’esprit, mais comme un esprit seulement. D’où il est évident que je n’ai point parlé en ce lieu-là du mensonge qui s’exprime par des paroles, mais seulement de la malice interne et formelle qui se rencontre dans la tromperie, quoique néanmoins ces paroles que vous apportez du prophète, Encore quarante jours, et Ninive sera subvertie, ne soient pas même un mensonge verbal, mais une simple menace, dont l’événement dépendoit d’une condition ; et lorsqu’il est dit que Dieu a endurci le cœur de Pharaon, ou quelque chose de semblable, il ne faut pas penser qu’il ait fait cela positivement, mais seulement négativement, à savoir, ne donnant pas à Pharaon une grâce efficace pour se convertir.

Je ne voudrais pas néanmoins condamner ceux qui disent que Dieu peut proférer par ses prophètes quelque mensonge verbal, tels que sont ceux