Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/43

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avant Descartes. C’est lui qui le premier a généralisé tous les phénomènes, a comparé tous les résultats et tous les effets, pour en extraire ces lois primitives : et puisque dans les mers, sur la terre et dans les cieux, tout s’opère par le mouvement, n’étoit-ce pas remettre aux hommes la clef de la nature ? Il se trompa, je le sais ; mais, malgré son erreur, il n’en est pas moins l’auteur des lois du mouvement : car, pendant trente siècles, les philosophes n’y avoient pas même pensé ; et dès qu’il en eut donné de fausses, on s’appliqua à chercher les véritables. Trois mathématiciens célèbres[1] les trouvèrent en même temps : c’étoit l’effet de ses recherches et de la secousse qu’il avoit donnée aux esprits. Du mouvement il passe à la matière, chose aussi incompréhensible pour l’homme. Il admet une matière primitive, unique, élémentaire, source et principe de tous les êtres, divisée et divisible à l’infini ; qui se modifie par le mouvement ; qui se compose et se décompose ; qui végète ou s’organise ; qui, par l’activité rapide de ses parties, devient fluide ; qui, par leur repos, demeure inactive et lente ; qui circule sans cesse dans des moules et des filières innombrables, et, par l’assemblage des formes, constitue l’univers : c’est avec cette matière qu’il entreprend de créer un monde.

Je n’entrerai point dans le détail de cette créa-

  1. Huygens, Wallis et Wren.