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sion de douter d’une chose laquelle, comme je dirai tantôt plus au long, est manifeste par la lumière naturelle.

À quoi j’ajoute que ce que vous objectez ici des mouches, étant tiré de la considération des choses matérielles, ne peut venir en l’esprit de ceux qui, suivant l’ordre de mes Méditations, détourneront leurs pensées des choses sensibles pour commencer à philosopher.

Il ne me semble pas aussi que vous prouviez rien contre moi en disant que « l’idée de Dieu qui est en nous n’est qu’un être de raison. » Car cela n’est pas vrai, si par un être de raison l’on entend une chose qui n’est point ; mais seulement si toutes les opérations de l’entendement sont prises pour des êtres de raison, c’est-à-dire pour des êtres qui partent de la raison, auquel sens tout ce monde peut aussi être appelé un être de raison divine, c’est-à-dire un être créé par un simple acte de l’entendement divin. Et j’ai déjà suffisamment averti en plusieurs lieux que je parlois seulement de la perfection ou réalité objective de cette idée de Dieu, laquelle ne requiert pas moins une cause qui contienne en effet tout ce qui n’est contenu en elle qu’objectivement ou par représentation, que fait l’artifice objectif ou représenté, qui est en l’idée que quelque artisan a d’une machine fort artificielle.