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là conclure très évidemment que cette idée dépend et procède de quelque cause qui contient en soi véritablement toute cette perfection, à savoir de Dieu réellement existant. Et certes la difficulté ne paroîtroit pas plus grande en l’un qu’en l’autre, si, comme tous les hommes ne sont pas savants en la mécanique, et pour cela ne peuvent pas avoir des idées de machines fort artificielles, ainsi tous n’avoient pas la même faculté de concevoir l’idée de Dieu ; mais, parcequ’elle est empreinte d’une même façon dans l’esprit de tout le monde, et que nous ne voyons pas qu’elle nous vienne jamais d’ailleurs que de nous-mêmes, nous supposons qu’elle appartient à la nature de notre esprit ; et certes non mal à propos : mais nous oublions une autre chose que l’on doit principalement considérer, et d’où dépend toute la force et toute la lumière ou l’intelligence de cet argument, qui est que cette faculté d’avoir en soi l’idée de Dieu ne pourroit être en nous si notre esprit étoit seulement une chose finie, comme il est en effet, et qu’il n’eût point pour cause de son être une cause qui fût Dieu. C’est pourquoi, outre cela, j’ai demandé, savoir, si je pourrois être en cas que Dieu ne fût point ; non tant pour apporter une raison différente de la précédente, que pour l’expliquer plus, parfaitement.

Mais ici la courtoisie de cet adversaire me