Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome I.djvu/378

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il admet entièrement tout ce que j’ai avancé ; mais néanmoins il ajoute, parceque cette chose est seulement conçue, et qu’actuellement elle n’est pas, c’est-à-dire parcequ’elle est seulement une idée et non pas quelque chose hors de l’entendement, elle peut à la vérité être conçue, mais elle ne peut aucunement être causée ou mise hors de l’entendement, c’est-à-dire qu’elle n’a pas besoin de cause pour exister hors de l’entendement : ce que je confesse, car hors de lui elle n’est rien ; mais certes elle a besoin de cause pour être conçue, et c’est de celle-là seule qu’il est ici question. Ainsi, si quelqu’un a dans l’esprit l’idée de quelque machine fort artificielle, on peut avec raison demander quelle est la cause de cette idée ; et celui-là ne satisferoit pas qui diroit que cette idée hors de l’entendement n’est rien, et partant qu’elle ne peut être causée, mais seulement conçue ; car on ne demande ici rien autre chose, sinon quelle est la cause pourquoi elle est conçue : celui-là ne satisfera pas non plus qui dira que l’entendement même en est la cause, comme étant une de ses opérations ; car on ne doute point de cela, mais seulement on demande quelle est la cause de l’artifice objectif qui est en elle. Car, que cette idée contienne un tel artifice objectif plutôt qu’un autre, elle doit sans doute avoir cela de quelque cause ; et l’artifice objectif est la même chose au respect de cette idée,