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ceux-là nient ouvertement, qui disent qu’il n’y a point de Dieu. D’où je réponds aussi en peu de paroles, Encore que l’on demeure d’accord que l’être souverainement parfait par son propre nom emporte l’existence, néanmoins il ne s’ensuit pas que cette même existence soit dans la nature actuellement quelque chose, mais seulement qu’avec le concept ou la notion de l’être souverainement parfait, celle de l’existence est inséparablement conjointe. D’où vous ne pouvez pas inférer que l’existence de Dieu soit actuellement quelque chose, si vous ne supposez que cet être souverainement parfait existe actuellement ; car pour lors il contiendra actuellement toutes les perfections, et celle aussi d’une existence réelle.

Trouvez bon maintenant qu’après tant de fatigue je délasse un peu mon esprit. Ce composé, un lion existant, enferme essentiellement ces deux parties, à savoir, un lion et l’existence ; car si vous ôtez l’une ou l’autre, ce ne sera plus le même composé. Maintenant Dieu n’a-t-il pas de toute éternité connu clairement et distinctement ce composé ? Et l’idée de ce composé, en tant que tel, n’enferme-t-elle pas essentiellement l’une et l’autre de ces parties ? C’est-à-dire l’existence n’est-elle pas de l’essence de ce composé un lion existant ? Et néanmoins la distincte connoissance que Dieu en a eue de toute éternité ne fait pas nécessairement