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prouver l’existence de Dieu. Mais néanmoins, parceque je n’ai point voulu me servir en ce lieu-là d’aucunes comparaisons tirées des choses corporelles, afin d’éloigner autant que je pourrois les esprits des lecteurs de l’usage et du commerce des sens, peut-être y est-il resté beaucoup d’obscurités (lesquelles, comme j’espère, seront entièrement éclaircies dans les réponses que j’ai faites aux objections qui m’ont depuis été proposées), comme entre autres celle-ci, Comment l’idée d’un être souverainement parfait, laquelle se trouve en nous, contient tant de réalité objective, c’est-à-dire participe par représentation à tant de degrés d’être et de perfection, qu’elle doit venir d’une cause souverainement parfaite : ce que j’ai éclairci dans ces réponses par la comparaison d’une machine fort ingénieuse et artificielle, dont l’idée se rencontre dans l’esprit de quelque ouvrier ; car, comme l’artifice objectif de cette idée doit avoir quelque cause, savoir est ou la science de cet ouvrier, ou celle de quelque autre de qui il ait reçu cette idée, de même il est impossible que l’idée de Dieu qui est en nous n’ait pas Dieu même pour sa cause.




Dans la quatrième, il est prouvé que toutes les choses que nous concevons fort clairement et fort distinctement sont toutes vraies ; et ensemble est expliqué en quoi consiste la nature de l’erreur ou fausseté ; ce qui doit nécessairement être su, tant pour confirmer les vérités précédentes que pour mieux entendre celles qui suivent. Mais cependant il est à remarquer que je ne traite nullement en ce lieu-là du péché, c’est-à-dire de l’erreur qui se commet dans la poursuite du bien et du mal, mais seulement de celle qui arrive dans le jugement et le discernement du vrai et du faux ; et que je n’entends point y parler des choses qui appartiennent à la foi ou à la conduite