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est toute la même que celle par laquelle il l’a créé ; de façon qu’encore qu’il ne lui auroit point donné au commencement d’autre forme que celle du chaos, pourvu qu’ayant établi les lois de la nature, il lui prêtât son concours pour agir ainsi qu’elle a de coutume, on peut croire, sans faire tort au miracle de la création, que par cela seul toutes les choses qui sont purement matérielles auroient pu avec le temps s’y rendre telles que nous les voyons à présent ; et leur nature est bien plus aisée à concevoir, lorsqu’on les voit naître peu à peu en cette sorte, que lorsqu’on ne les considère que toutes faites.

De la description des corps inanimés et des plantes, je passai à celle des animaux, et particulièrement à celle des hommes. Mais pourceque je n’en avois pas encore assez de connoissance pour en parler du même style que du reste, c’est-à-dire en démontrant les effets par les causes, et faisant voir de quelles semences et en quelle façon la nature les doit produire, je me contentai de supposer que Dieu formât le corps d’un homme entièrement semblable à l’un des nôtres, tant en la figure extérieure de ses membres, qu’en la conformation intérieure de ses organes, sans le composer d’autre matière que de celle que j’avois décrite, et sans mettre en lui au commencement aucune âme raisonnable, ni aucune autre chose pour