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Autre crime contre Descartes : on joignit cette accusation à celle d’athéisme ; ordonnance des magistrats qui défendent d’introduire des nouveautés dangereuses. En 1641, Voétius se fait élire recteur de l’université d’Utrecht. N’osant point encore attaquer le maître, il veut d’abord faire condamner le disciple comme hérétique. Quatrièmes thèses publiques contre Descartes. En 1642, décret des magistrats pour défendre d’enseigner la philosophie nouvelle. Cependant les libelles pleuvoient de toute part ; et le philosophe étoit tranquille au milieu des orages, s’occupant en paix de ses méditations. En 1643, Voétius eut recours à des troupes auxiliaires. Il alla les chercher dans l’université de Groningue, où un nommé Schoockius s’associa à ses fureurs. C’étoit un de ces méchants subalternes qui n’ont pas même l’audace du crime et qui, trop lâches pour attaquer par eux-mêmes, sont assez vils pour nuire sous les ordres d’un autre. Il débuta par un gros livre contre Descartes, dont le but étoit de prouver que la nouvelle philosophie menoit droit au scepticisme, à l’athéisme et à la frénésie. Descartes crut enfin qu’il étoit temps de répondre. Il avoit déjà écrit une petite lettre sur Voétius ; et celui-ci n’avoit pas manqué de la faire condamner, comme injurieuse et attentatoire à la religion réformée, dans la personne d’un de ses principaux pasteurs. Dans sa réponse contre le nouveau livre, Descartes se proposoit trois choses : d’abord de se justifier lui-même, car jusqu’alors il n’avoit rien répondu à plus de douze libelles ; ensuite de justifier ses amis et ses disciples ; enfin, de démasquer un homme aussi odieux que Voétius, qui, par une ignorance hardie, et sous le masque de la religion, séduisoit la populace et aveugloit les magistrats. Mais les esprits étoient trop échauffés ; il ne réussit point. Sentence contre Descartes, où ses lettres sur Voétius sont déclarées libelles diffamatoires. Ce fut alors que les magistrats travaillèrent à lui faire son procès secrètement, et sans qu’il en fût averti. Leur intention étoit de le condamner comme athée et comme calomniateur : comme athée, parcequ’il avoit donné