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dans ce jeune homme. Il s’en falloit de beaucoup qu’il eût porté le même jugement des objections de Hobbes et de celles de Gassendi. Il fit imprimer toutes ces objections, avec les réponses, à la suite des Méditations ; et, pour leur donner encore plus de poids, le philosophe dédia son ouvrage à la Sorbonne. Je veux m’appuyer de l’autorité, disoit-il, puisque la vérité est si peu de chose quand elle est seule. Il n’avoit point encore pris assez de précautions. Ce livre, approuvé par les docteurs, discuté par des savants, dédié à la Sorbonne, et où le génie s’épuise à prouver l’existence de Dieu et la spiritualité de l’âme, fut mis, vingt-deux ans après, à l’index à Rome.

(15) PAGE 26.

On a été étonné que, dans ses Méditations métaphysiques, Descartes n’ait point parlé de l’immortalité de l’âme. Ses ennemis avoient beau jeu ; et ils n’ont pas manqué de profiter de ce silence pour l’accuser de n’y pas croire. Mais il nous apprend lui-même, par une de ses lettres, qu’ayant établi clairement dans cet ouvrage la distinction de l’âme et de la matière, il suivoit nécessairement de cette distinction que l’âme par sa nature ne pouvoit périr avec le corps…

(16) PAGE 33.

La Géométrie de Descartes parut en 1637 avec le Traité de la méthode, son Traité des météores et sa Dioptrique. Ces quatre traités réunis ensemble formoient ses Essais de philosophie. Sa Géométrie étoit si fort au-dessus de son siècle, qu’il n’y avoit réellement que très peu d’hommes en état de l’entendre. C’est ce qui arriva depuis à Newton ; c’est ce qui arrive à presque tous les grands hommes. Il faut que leur siècle coure après eux pour les atteindre. Outre que sa Géométrie étoit très profonde et entièrement nouvelle, parcequ’il avoit commencé où les autres avoient fini, il avoue lui-même dans une de ses lettres