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2e Man. Guerrier] 77

1 Je ne puis pardonner à Descartes ; il aurait bien voulu, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu ; mais il n’a pu s’empêcher de lui faire donner une chiquenaude, pour mettre le monde en mouvement ; après cela, il n’a plus que faire de Dieu.

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Descartes inutile et incertain 2.


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Cf. Bos, I, x, ki ; Faog., I, 36g ; Mol., II, 1&8 ; Mich., iooo.

2. Ce fragment n’est sans doute que le souvenir d’une conversation de Pascal : « M. Pascal, rapporte Marguerite Périer, parlait peu de sciences ; cependant, quand l’occasion s’en présentait, il disait son sentiment sur les choses dont on lui parlait. Par exemple, sur la philosophie de M. Descartes, il disait assez ce qu’il pensait. Il était de son sentiment sur l’automate, et n’en était point sur la matière subtile, dont il se moquait fort. Mais il ne pouvait souffrir sa manière d’expli quer la formation de toutes choses, et il disait très souvent : Je ne puis, etc. » (Bibl. Nat. ms. i5a8i, /. jr. f p. 177). Cf. fr. 5ia.

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Cf. B., /,6i ; C, a63 ; Faug., I, 181 note ; Hat., XXIV, 100 ter ; Mol., II, i36 ; Mich., 663.

2. Inutile, parce que sa métaphysique ne touche pas à a l’unique nécessaire » ; incertain, parce qu’il édifie son système des choses sur des principes a priori qui ne peuvent être que des hypothèses. Il ne faut pas voir dans cette critique de Descartes par Pascal un désaveu de son passé scientifique. C’est au contraire en savant que Pascal parle ici ; ni en géométrie ni en physique il ne suit la méthode cartésienne, il ne croit ni à l’évidence des idées simples ni à la possibilité de construire rationnellement le monde. Sa géométrie est synthétique et concrète, sa physique est expérimentale et antimétaphysique. Le Pascal cartésien, au sens absolu où on l’a entendu, est une légende.