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mière, il sent les corps ; enfin tout tombe sous 1 son alliance 2. Il faut donc pour connaître l’homme savoir 3 d’où vient qu’il a besoin d’air pour subsister ; et pour connaître l’air, savoir par où il a ce rapport à la vie de l’homme, etc. 4. La flamme ne subsiste point sans l’air ; donc, pour connaître 5 l’un, il faut connaître l’autre.

Donc, toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s’entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les 6 plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible 7 de connaître les parties sans "connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties 9.


1. [Ses recherches [sa dépendance.]

2. Ce mot, assez inattendu, est un souvenir de Raymond Sebon. Le chapitre n de la Théologie naturelle n’a pas été étranger à l’inspiration de Pascal dans ce passage : « Il [l’homme] se rapporte aux corps insensibles… il en est nourri, il loge chez eux, il vit par leur moyen, et ne peut s’en passer un seul moment… Il a une grande alliance, convenance et amitié avec les autres créatures. »

3. [Ce qui.]

4. Page 35g du manuscrit.

5. [La flamme.]

6. [Extrêmes.]

7. [D’en connaître aucune seule sans toutes les autres, c’est-à-dire impossible, purement et absolument.]

8. [Les connaître toutes.]

9. « Theophrastus disoit que l’humaine cognoissance, acheminée par les sens, pouvoit iuger des causes des choses iusques à une cer taine mesure ; mais qu’estant arrivée aux causes extrêmes et premières, il falloit qu’elle s’arrestast, et qu’elle rebouchast, à raison, ou de sa foiblesse, ou de la difficulté des choses… L’homme est capable de toutes choses, comme d’aulcunes : et s’il advoue, comme dict Theophrastus, l’ignorance des causes premières et des principes, qu’il me quitte hardiement tout le reste de sa science. » (Montaigne, Apol.)