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si nous le suivons 1, il échappe à nos prises, nous glisse et luit d’une fuite éternelle. Rien ne 2 s’arrête pour nous. C’est l’état qui nous est naturel, et tou tefois le plus contraire à notre inclination ; nous brûlons de désir de trouver une assiette ferme, et une dernière base constante 3 pour y édifier une tour qui s’élève a l’infini ; mais tout notre fondement craque, et la terre s’ouvre jusqu’aux abîmes.

Ne cherchons donc point d’assurance et de fer meté. Notre raison 4 est toujours déçue par 3 l’incon stance des apparences, rien ne peut fixer 6 Je fini entre les deux infinis 7, qui l’enferment et le fuient 8.

9 Gela étant bien compris, je crois qu’on se tiendra en repos, chacun 10 dans l’état où la nature l’a placé. Ce milieu qui nous est échu en partage étant tou jours distant des extrêmes, qu’importe qu’un homme ait un peu plus d’intelligence des choses ? S’il en a, il les prend un peu de plus haut : n’est-il pas tou-


i. [il s’enfuit.]

2. [Nous] arrête. C’est l’état [qui est] le plus contraire.

3. [Sur quoi nous puissions.]

4. [Déçue tout à fait.]

5. [Les promesses.]

6. [Notre effort à pouvoir affirmer.]

7. [Que nous comprenons [qui nous enferment.]

8. « Si de fortune vous fichez vostre pensée à vouloir prendre son estre, ce sera ne plus ne moins que qui vouldroit empoigner de l’eau ; car tant plus il serrera et pressera ce qui de sa nature coule par tout, tant plus il perdra ce qu’il vouloit tenir et empoigner. Ainsi veu que toutes choses sont suhiectes à passer d’un changement en anlfcre, la raison, qui y cherche une réelle subsistance, se treuve deccue… » (Mont., Apol.).

9. Les deux paragraphes suivants en marge. 10. Chacun en surcharge.