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Le docteur, qui parle un quart d’heure après avoir tout dit, tant il est plein de désir de dire.

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On aime à voir l’erreur, la passion de Cléobuline, parce qu’elle ne la connaît pas ; elle déplairait, si elle n’était trompée 1.

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Quand un discours naturel 2 peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu’en entend, laquelle on ne savait pas qu’elle y fût, en sorte qu’on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son

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Cf. B., 365 ; C, 3ai ; Faug., I, an ; Hat., XXV, 68 ; Mol., I, 48 ; Micu., 7 56.

1. Cléobuline, princesse, puis reine de Corinthe, figure, dit Havet, en divers endroits dans Artamene ou le Grand Cyrus, de Mlle de Scudéri. Mais on trouvera particulièrement l’histoire de sa passion au livre second de la septième partie. Elle est amoureuse d’un de ses sujets, Myrinthe, qui n’est pas même Corinthien d’origine ; mais « elle « l’aimait sans penser l’aimer, et elle fut si longtemps dans cette « erreur, que cette affection ne fut plus en état d’être surmontée « lorsqu’elle s’en aperçut ». Il faut ajouter que Cléobuline passait pour être le portrait de la reine Christine de Suède, et il n’est pas défendu de penser que cette particularité aurait attiré sur son person nage l’attention de Pascal ; lui qui déclare dans les Provinciales n’avoir jamais lu de roman, aurait fait une exception pour celle à qui il écrivit la lettre que l’on sait. (Opuscules et pensées de Pascal, 1897, p. 111.)

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Cf. B.,368 ; G., 3a4 ;P. R., XXXI, 33 ; Bos., I, x, 26 ; Faug., I, a5i ; Hav., VII, 36 ; Mol., II, i33 ; Migh., 680.

2. « Je gagerais, écrit M. Droz, que ce fragment fait allusion au Discours sur les Passions de l’Amour. » Étude sur le scepticisme de Pascal, p. 34t>.