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trouvent aucune lumière qui les satisfasse, ou qui leur soit véritablement utile ; car ou ils n’arrivent pas jusqu’à connaître qu’il y a un Dieu, ou s’ils y arrivent, c’est inutilement pour eux, parce qu’ils se forment un moyen de communiquer sans Médiateur avec le Dieu qu’ils ont connu sans média teur : de sorte qu’ils tombent dans l’athéisme et le déisme, qui sont les deux choses que la religion abhorre presque également [1].

Il faut donc tendre uniquement à connaître Jésus-Christ, puisque c’est par lui que nous pouvons prétendre de con naître Dieu d’une manière qui nous soit utile. C’est lui qui est le vrai Dieu des hommes, des misérables et des pécheurs. Il est le centre de tout et l’objet de tout ; et qui ne le connaît point ne connaît rien dans l’ordre de la nature du monde, ni dans soi-même. Car, non seulement nous ne connaissons Dieu que par Jésus-Christ, mais nous ne nous connaissons nous mêmes que par lui.

Sans Jésus-Christ, il faut que l’homme soit dans le vice et dans la misère ; avec Jésus-Christ, l’homme est exempt de vice et de misère. En lui est tout notre bonheur, notre vertu, notre vie, notre lumière, notre espérance ; et hors de lui, il n’y a que vices, que misère, que désespoir, et nous ne voyons qu’obscurité et confusion dans la nature de Dieu et, dans la nôtre [2].

Dans les preuves que mon frère (continue Mme Périer) devait donner de Dieu et de la religion chrétienne, il ne voulait rien dire qui ne fût à la portée de tous ceux pour qui elles étaient destinées, et où l’homme ne se trouvât intéressé de prendre part, ou en sentant en lui-même toutes les choses qu’on lui fai sait remarquer bonnes ou mauvaises, ou en voyant clairement qu’il ne pouvait prendre un meilleur parti, ni plus raison nable, que de croire qu’il y a un Dieu dont nous pouvons jouir, et un Médiateur qui, étant venu pour nous en mériter la grâce, commence à nous rendre heureux, dès cette vie, par les vertus qu’il nous inspire, beaucoup plus qu’on ne le peut être par tout ce que le monde nous promet, et nous donne

  1. Fr. 556.
  2. Fr. 558.