Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/258

Cette page n’a pas encore été corrigée

sens : il n’y a qu’à s assurer de la certitude de la vérité des miracles. Or il y a des règles pour cela qui sont encore dans le bon sens, et ces règles se trouvent justes pour les miracles qui sont dans l’Ancien Testament. Ces miracles sont donc vrais. Il y a donc quelque chose au-dessus de la nature.

Mais ces miracles ont encore des marques que leur principe est Dieu ; et ceux du Nouveau Testament en particulier, que celui qui les opérait était le Messie que les hommes devaient attendre* Donc, comme les miracles tant de l’Ancien que du Nouveau Testament prouvent qu’il y a un Dieu, ceux du Nouveau en particulier prouvent que Jésus-Christ était le véritable Messie.

Il démêlait tout cela avec une lumière admirable, et quand nous l’entendions parler, et qu’il développait toutes les cir constances de l’Ancien et du Nouveau Testament où étaient rapportés ces miracles, ils nous paraissaient clairs. On ne pouvait nier la vérité de ces miracles, ni les conséquences qu’il en tirait pour la preuve de Dieu et du Messie, sans choquer les principes les plus communs, sur lesquels on assure toutes les choses qui passent pour indubitables. On a recueilli quel que chose de ses Pensées ; mais c’est peu, et je croirais être obligée de m’étendre davantage pour y donner plus de jour, selon tout ce que nous lui en avons ouï dire, si un de ses amis ne nous en avait donné une dissertation, sur les œuvres de Moïse, où tout cela est admirablement bien démêlé, et d’une manière qui ne serait pas indigne de mon frère 1.

Je vous renvoie donc à cet ouvrage, et j’ajoute seulement ce qu’il est important de rapporter ici, que toutes les diffé rentes réflexions que mon frère lit sur les miracles lui don nèrent beaucoup de nouvelles lumières sur la religion. Comme toutes les vérités sont tirées les unes des autres, c’était assez qu’il fût appliqué à une, les autres lui venaient comme en foule, et se démêlaient à son esprit d’une manière qui l’en levait lui-même, à ce qu’il nous a dit souvent ; et ce fut à cette occasion qu’il se sentit tellement animé contre les athées, que, voyant dans les lumières que Dieu lui avait données de


i. Discours sur les preuves des livres de Moïse, par M. de la Chaise, publié en 1672, avec le Discours sur les pensées de Pascal, que nous reproduisons plus haut, p. cxcix.