Page:Œuvres de Blaise Pascal, XII.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

RÉSUMÉ DES PENSÉES PAR NICOLE

(Traité de l’Éducation d’an Prince. Seconde partie, XLI-XLIII.)

Tout doit tendre à former le jugement des enfants… Pre mièrement il faut tâcher de les affermir dans la foi, et de les fortifier contre les maximes de libertinage et d’impiété, qui ne se répandent que trop dans la Cour. Ce n’est pas qu’il faille soumettre la religion à leur examen ; mais il faut les faire entrer dans les preuves de la religion, sans qu’ils les con sidèrent presque comme des preuves, et les accoutumer à regarder tous les impies et les libertins comme les plus imper tinents des hommes.

Il faut leur faire remarquer en toutes choses, dans eux mêmes et dans les autres, l’effroyable corruption du cœur de l’homme, son injustice, sa vanité, sa stupidité, sa brutalité, sa misère ; et leur faire comprendre par là la nécessité de la réformation de la nature. Il leur faut dire que les hommes ayant cherché divers remèdes à leurs malades, n’ont fait que montrer la grandeur de leurs maux, et l’impuissance où ils sont de les guérir : que ce remède ne pouvant donc se trouver par la raison, il fallait l’apprendre de la religion, c’est-à-dire de Dieu même. Il leur faut dire que cette religion nous découvre tout d’un coup l’origine de nos maux que tous les philosophes ont inutilement cherchée, en nous instruisant des deux états de l’homme, de son innocence et de sa chute ; et qu’elle nous en apprend en même temps le remède qu : est la rédemption de Jésus-Christ. Il leur faut faire remarquer que cette religion est la plus ancienne de toutes ; qu’elle a toujours été dans le monde ; qu’elle s’est conservée dans un peuple particulier, qui a gardé le livre qui la contient avec un soin prodigieux. Il leur faut relever les merveilles de ce peuple, et la certitude des miracles de Moïse, qui ont été faits à la vue de six cent mille hommes qui n’eussent pas manqué de le démentir, s’il eût eu la hardiesse de les inven ter et de les écrire dans un livre le plus injurieux qu’il soit possible de s’imaginer à ce peuple qui le conservait, puisqu’il découvre partout ses infidélités et ses crimes.