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pas connu ; car, pour ceux qui l’ont vu et qui l’ont un peu fréquenté pendant les dernières années de sa vie, je ne pré tends pas leur rien apprendre par là ; et je crois qu’ils juge ront, bien au contraire, que j’aurais pu dire encore beaucoup d’autres choses que je passe sous silence.

DISCOURS SUR LES PENSÉES DE M. PASCAL OU L’ON ESSAIE DE FAIRE VOIR QUEL ÉTAIT SON DESSEIN ’

Avertissement. — Ce discours avait été fait pour servir de préface au recueil des Pensées de M. Pascal, mais parce qu’il fut trouvé trop étendu pour lui donner ce nom, on ne voulut point s’en servir : et il était même bien juste qu’il cédât à la préface qu’on voit au commen cement de ce recueil, quand ce n’aurait été qu’afin de ne rien mêler d’étranger aux Pensées de M. Pascal et de n’y rien joindre qui ne vînt de la même famille et du même esprit. Depuis, comme on a jugé qne ce discours pourrait n’être pas tout, à fait inutile pour faire voir à peu près quel était le dessein de M. Pascal, on a voulu le rendre public ; parce que ce dessein était si grand et si important qu’on a cru qu’il ne fallait rien négliger, pour petit qu’il fût, de ce qui pou vait y avoir quelque rapport. C’est par cette même raison qu’à ce discours on en a joint un autre sur les preuves des livres de Moïse qui n’avait pas été fait pour voir le jour, non plus que le traité où l’on fait voir qu’il y a des démonstrations d’une autre espèce et aussi certaines que celles de la géométrie et qu’on en peut donner de telles pour la religion chrétienne. Quelque succès qu’ils aient les uns et les autres, on s’estimerait trop heureux, s’il plaisait à Dieu, qui fait servir les moindres choses à ses plus grands desseins, qu’une seule personne dans le monde en profitât.

Ce qu’on a vu jusqu’ici de M. Pascal a donné une si haute idée de la grandeur de son esprit qu’il ne faut pas s’étonner que ceux qui savaient qu’il avait dessein d’écrire sur la vérité de la religion, aient eu beaucoup d’impatience de voir ce, qu’on en avait trouvé dans ses papiers après sa mort. Ses amis, de leur côté, n’en avaient pas moins de le publier ; et, comme


I. Discours écrit par Filleau de la Chaise (vide supra, p. lui et p. clxxx) ; il parut en 1O72, sous le nom de Dubois de la Cour. Voir Sainte-Beuve, Port-Royal, 5 e édit., t. \U, p. 386.