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la nature de quoi convaincre des athées endurcis, mais encore parce que cette connaissance, sans Jésus-Christ, est inutile et stérile. Quand un homme serait persuadé que les propor tions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles, et dépendantes d’une première vérité en qui elles subsistent et qu’on appelle Dieu, je ne le trouverais pas beaucoup avancé pour son salut. »

On s’étonnera peut-être aussi de trouver dans ce recueil une si grande diversité de pensées, dont il y en a même plu sieurs qui semblent assez éloignées du sujet que Pascal avait entrepris de traiter. Mais il faut considérer que son dessein était bien plus ample et plus étendu qu’on ne se l’imagine, et qu’il ne se bornait pas seulement à réfuter les raisonne ments des athées, et de ceux qui combattent quelques-unes des vérités de la foi chrétienne. Le grand amour et l’estime singulière qu’il avait pour la religion faisait que non seule ment il ne pouvait souffrir qu’on la voulût détruire et anéantir tout à fait, mais même qu’on la blessât et qu’on la corrompit en la moindre chose. De sorte qu’il voulait déclarer la guerre à tous ceux qui en attaquent ou la vérité ou la sainteté ; c’est-à-dire non seulement aux athées, aux infidèles et aux hérétiques, qui refusent de soumettre les fausses lumières de leur raison à la foi, et de reconnaître les vérités qu’elle nous enseigne ; mais même aux chrétiens et aux catholiques, qui, étant dans le corps de la véritable Église, ne vivent pas néan moins selon la pureté des maximes de l’Évangile, qui nous y sont proposées comme le modèle sur lequel nous devons nous régler et conformer toutes nos actions.

Voilà quel était son dessein : et ce dessein était assez vaste et assez grand pour pouvoir comprendre la plupart des choses qui sont répandues dans ce recueil. 11 s’y en pourra néan moins trouver quelques-unes qui n’y ont nul rapport, et qui en elîet n’y étaient pas destinées, comme, par exemple, la plupart de celles qui sont dans le chapitre des Pensées diverses, lesquelles on a aussi trouvées parmi les papiers de Pascal, et que l’on a jugé à propos de joindre aux autres ; parce que l’on ne donne pas ce livre -ci simplement comme un ouvrage fait contre les athées ou sur la religion, mais comme un recueil de Pensées sur la religion et sur quelques autres sujets.