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fâché de ce que le désir qu’il avait de voir le livre de M. Pas cal eût prévenu mon devoir, que je n’aurais eu garde de manquer de lui en apporter un ; mais que j’espérais d’avoir l’honneur de le lui présenter d’une manière plus propre. Après qu’il eut regardé la couverture, il me dit : il est fort bien, il est fort bien. Cette continuation de bonté releva de beau coup mon courage qui n’avait pas toute la fermeté que je désirais.

Ensuite ce prélat me dit : M. Desprez, il y a un fort habile homme qui m’est venu voir ; ce n’est pourtant pas, me dit-il, un homme de notre métier, je veux dire qu’il n’est pas théologien, mais c’est un fort habile homme et fort éclairé ; il m’a dit qu’il avait lu le livre de M. Pascal et qu’il fallait demeurer d’accord que c’était un livre admirable ; mais qu’il y avait un endroit dans ce livre où il y avait quelque chose qui semblait favoriser la doctrine des jansénistes et qu’il valait mieux faire un carton que d’y laisser quelque chose qui en pût troubler le débit ; qu’il en serait fâché à cause de l’estime qu’il avait pour la mémoire de feu M. Pascal.

Je lui exprimai de mon mieux quelle était la grandeur des obligations que lui avaient non seulement les parents, mais même les amis de M. Pascal, de la grâce qu’il leur faisait de vouloir bien s’intéresser dans ce qui regardait la conservation de sa réputation. Je le suppliai très humblement de vouloir bien me permettre de vous écrire ce qu’il avait la bonté de me dire ; il y consentit volontiers. — Et que pour ce que lui avait dit cette personne je ne lui en pouvais pas parier parce que cela n’était pas de mon métier, mais que je le pouvais assurer que depuis qu’on imprime on n’avait point imprimé de livre qui ait été examiné avec plus de rigueur et plus de sévérité que celui-là ; que les approbateurs l’avaient gardé six mois pendant lesquels ils l’avaient lu et relu, et que tous les changements qu’ils ont trouvé à propos de faire on les avait faits sans en excepter un seul ; que personne ne pouvait lui en rendre un compte plus exact que moi, d’autant que M. votre fils m’avait chargé du soin de ces approbations ; que c’était moi qui en avais été le solliciteur auprès de messeigneurs les prélats et de MM. les docteurs ; que c’était pour quoi je pouvais lui en parler positivement et partant qu’il devait être assuré qu’on n’y avait rien laissé passer qui put