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nous ; il me dit qu’il venait de la part de ce prélat, me de mander, qu’on lui avait dit qu’il y en avait de deux impressions, qu’il désirait les voir toutes les deux pour en voir la différence : je lui dis qu’il n’y en avait point de reliés, que je le suppliais très instamment d’assurer M. l’Archevêque qu’il n’y avait qu’une édition de ce livre, et que ceux qui l’avaient voulu persuader du contraire avaient imposé à la vérité. Il me dit encore que puisqu’il n’y en avait point de reliés je lui en donnasse en feuilles. Je lui répondis que j’avais envoyé toute l’édition chez les relieurs. Il me dit de lui en faire faire un incessamment et qu’il n’importait pas comment il fut couvert. Je lui demandai qui avait ses armes et ses chiffres, il me l’enseigna et s’en alla ensuite. Je fus à l’heure même prendre l’avis de M. Arnauld sur ce que j’avais à faire, il me dit qu’il craignait qu’il n’y eût quelque cabale pour empêcher le débit de ce livre ; néanmoins qu’il ne croyait pas qu’il y eût lieu de l’appréhender à cause des approbations et qu’il fallait que je lui portasse ce livre le lendemain. J’en fis relier un toute la nuit ; je fis mettre dessus ses armes et ses chiffres en sorte qu’il pouvait passer pour raisonnable. Gomme j’étais prêt à partir, ce même aumônier revint encore chez nous, il me dit qu’il ne s’était pas bien expliqué le jour précédent : qu’il venait me dire de la part de M. l’archevêque qu’on avait dit au prélat qu’il y avait quelque chose dans ce livre qui pourrait lui faire donner quelque atteinte si on ne le changeait, et qu’il valait mieux y faire un carton avant que de l’exposer en vente, afin qu’on le pût voir dans un état où personne n’y put trouver à redire, et que M. l’archevêque me priait de ne le point débiter avant qu’il ne l’eût vu. Je lui dis que la famille de feu M. Pascal et tous ses amis étaient bien obligés à M. l’archevêque de la bonté qu’il avait et de la part qu’il voulait bien prendre dans ce qui regardait la mémoire de M. Pascal, que je ne manquerais pas de vous le témoigner lorsque j’aurais l’honneur de vous écrire. Enfin il me demanda s’il n’y avait pas moyen d’avoir un livre en quel que état qu’il fût, relié ou non relié. Je lui dis que j’allais faire tous mes efforts pour en pouvoir porter un en ce jour-là à M. l’archevêque (j’en avais pourtant un dans ma poche). Il s’en retourna comme il était venu. Je crus qu’il était nécessaire de revoir encore M. Arnauld. Je le fus trouver à l’hôtel