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bations et de tout le reste ; que ne ferais-je point pour de tels amis que vous ?

Si j’avais cru M. de Roannez et tous vos amis, c’est-à-dire M. Arnauld, M. Nicole, etc., qui n’ont qu’un même senti ment dans cette affaire, quoique ces deux derniers craignent plus que M. de Roannez de rien faire qui vous puisse déplaire, parce que peut-être ils ne sont pas aussi assurés que M. de Roannez dit qu’il l’est que vous trouverez bon tout ce qu’il fera ; si, dis-je, je les avais crus, les fragments de M. Pascal seraient bien avancés d’imprimer. Il est assurément de conséquence de ne pas retarder davantage l’impression, et je vous supplie, en nous envoyant la copie des deux cahiers qui nous manquent et que je vous ai marqués dans ma dernière lettre, de nous envoyer aussi une permission de mettre cet ouvrage sous la presse, et d’avoir assez de confiance en tous vos amis, au nom desquels je vous écris et qui joignent leurs prières aux miennes, pour croire que l’on ne fait rien en tout ceci, que de très bien et de très avantageux à celui que vous aimez et qui est si digne d’être aimé. Je vous conjure de me recommander à ses saintes prières lorsque vous vous y recommanderez vous-même, et de lui bien dire, dans le secret de votre oraison, que je suis aussi sensible pour tout ce qui peut le toucher, c’est-à-dire les siens et sa mémoire bienheureuse, que si j’avais l’avantage d’être son propre frère. Je vous dis ceci avec une effusion qu’il n’y a que Dieu et celui qui est mort en lui qui puisse voir, et je lui demande de tout mon cœur de vous la faire connaître telle qu’elle est effectivement.

Que puis-je vous avoir mandé dans ma lettre précédente qui vous accable ? Vous m’accablez bien davantage en me parlant de ce prétendu accablement. Je vous supplie, madame, de supprimer à l’avenir ces expressions qui flattent l’amour propre et qui respirent un certain air flatteur qui ne doit point être entre des personnes aussi unies que nous par les liens de la charité : je vous demande cette grâce à mains jointes.

Je me sens encore obligé de vous dire en relisant votre lettre, quoiqu’il me semble que j’aie déjà satisfait et suffisamment, si je ne me trompe, à vos appréhensions, que vous ne devez point craindre qu’on diminue la gloire de l’auteur en