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chose qu'un seul calcul sans aucune sorte de preuve. Qui ne voit la ditlerence qui se trouve entre les con- ditions de ces deux hommes, en ce qui regarde les erreurs de calcul? et qu'il est toujours juste de les pardonner à celui qui donne en même tems les démonstrations entières et parfaites qui rendent le calcul superflu, qui enseignent l'art de le bien faire, qui apprennent à en reconnoître et corriger les défauts, et qui enfin toutes seules convainquent in- vinciblement qu'on a résolu les questions ; mais que la condition de l'autre est toute difiTerente, puisque, n'ayant donné pour toutes marques de ses solutions qu'un seul calcul pour laisser à juger, selon qu'il sera vrai ou faux, qu'il a résolu les questions ou non, s'il se trouve faux en toutes ses parties, que restera-t-il par où on puisse connoistre qu'il a trouvé la vérité ? Y a-t-il rien de si foible que de vouloir qu'on lui pardonne toutes les erreurs qui s'y trou- veront, et qu'encore qu'il soit faux en tout et qu'il ne contienne rien devrai, au lieu d'en conclure qu'il n'a pas trouvé la vérité, on en conclue au con- traire qu'il possedoit la vérité depuis le jour qu'il a produit sa fausseté? C'est assurément ce qu'on ne peut non plus conclure d'un faux calcul, que d'une fausse démonstration ; car ce que les paralogismes sont en démonstration, les erreurs de calcul le sont quand le calcul est seul. Et il n'y a que deux manières de montrer qu'on a résolu des questions, sçavoir de donner, ou la solution sans paralogisme, ou le calcul sans erreur ; et c'est aussi une de ces deux choses

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