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LETTRE D'UN AVOCAT AU PARLEMENT 215

et combien elle est défectueuse dans la manière dont elle est dressée. Il ne me reste qu'à vous faire remarquer combien elle est peu considérable dans le fond et dans la matière qui y est décidée, laquelle n'estant qu'un simple point de fait, est bien éloignée de mériter tout le bruit qu'on en veut faire. Car il est constant selon tous les Théologiens du monde, que ce fait ne peut rendre héré- tiques ceux qui le nient, mais tout au plus téméraires. Or qu'une témérité mérite qu'on prive les gens Me biens et de bénéfices, et qu'on les punisse comme des héré- tiques, cela n'est pas raisonnable. Car pourquoy traiter comme hérétiques ceux qui ne le sont point, la dispute n'estant que sur un point de fait, qui ne peut faire d'he- resie ? Cependant quelques Evesques qui ont résolu de déposséder les Beneficiers, et qui n'en ont de prétexte que sur ce point de fait ; ont arresté dans leur Lettre circulaire du 17. Mars dernier, Que ceux qui refuseront de souscrire le fait, seront traitez comme s'ils refusaient de souscrire le droit. Ils ont beau faire néanmoins. Ils ne sçauroient confondre par toute leur puissance ces choses qui sont séparées par leur nature. Un simple fait demeu- rera toujours un simple fait; et celuy-cy ne sçauroit jamais donner lieu de priver les gens de leurs Bénéfices : car j'en reviens toujours là.

N'est-il donc pas plus clair que le jour, qu'en tout cecy ils n'ont point du tout songé à nous instruire dans la foy, mais seulement à nous assujettir à l'Inquisition. C'est ce que je vous montrerois au long, si j'en avois le loisir, tant pour le point qu'ils ont choisi pour objet de leurs décisions, que par la manière dont ils s'y prennent. Car n'est-ce pas un bel article de foy de croire que des propo-

I. P. [des] biens et bénéfices; — [des] biens et de bénéfices.

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