Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/87

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE DE JACQUELINE PASCAL 71

Cressé, Martin Dalencé et Etienne Guillard, Maistres chirurgiens de la mesme ville de Paris, certifions avoir veu et visité plusieurs et diverses fois separement et ensemble Demoiselle Marguerite Perier, pensionnaire du Port-Royal, agée de dix à onze ans, fille de noble Florin Perier, Conseiller du Roy en la Cour des Aydes de Clermont-Ferrand, et de Demoiselle Gilberte Pascal, laquelle nous avons trouvée malade et fort incommodée depuis trois ans et demy d’un ægylops ou fistule lacrymale en l’œil gauche, de la grosseur d’une noisette, avec intemperie de la peau et inondation, la matiere sanieuse sortant par l’œil, le nez et le palais, tellement fetide et puante qu’on estoit contraint de la separer des autres, encore qu’elle eust esté pansée et traitée pendant dix-huict mois sans aucun bon succés, le mal allant toujours en empirant jusqu’à ce que, l’ayant derechef visitée depuis trois semaines en ça, immediatement apres les symptomes susdits lorsque, suivant le resultat de la compagnie, on estoit prest de luy appliquer les derniers remedes, nous l’avons trouvée et separement et ensemble, comme nous la trouvons encore pour le present, entierement guerie, non seulement de sa fistule lacrymale, mais aussi de la carie des os, de la puanteur qui l’accompagnoit, et de tous les autres accidens, qui en estoient inseparables. Et comme cette sorte de guerison faite ainsi en un instant d’une maladie de cette importance ne peut estre qu’extraordinaire, de quelque façon qu’on la puisse prendre, nous estimons qu’elle surpasse les forces ordinaires de la nature, et qu’elle ne s’est pû faire sans miracle, ce que nous asseurons estre veritable. A Paris, ce 14. Avril 1656. Bouvard, J. Hamon, I. Renaudot, E. Renaudot, Cressé, d’Alencé, Guillard.

Je soussigné Jean Gellot, Maistre Chirurgien à Paris, certifie à tous qu’il appartiendra que ce jourd’huy 20. Avril 1656. je me suis transporté au Couvent des Religieuses du Port-Royal où j’ay veu ladite Demoiselle Marguerite Perier, de laquelle ayant consideré attentivement l’œil gauche où