Page:Œuvres de Blaise Pascal, VI.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
326
ŒUVRES

qu’on les puisse trouver sans exception : Et par consequent aussi bien dans le livre de Jansenius, que dans tout autre où elles se trouveront ?

Car il n’y a que cette soumission absoluë et sans aucune restriction des propositions censurées par tout où elles se trouvent qui puisse appartenir à la foy et à la doctrine de l’Eglise, et sur laquelle on ait droit d’exiger des catholiques un acquiescement d’esprit et une sousmission de cœur et de conscience. Et c’est cette parfaite et interieure sousmission que j’ay declaré publiquement et à la face de toute l’Eglise que je rendois et voulois rendre à la Censure que le Pape a faite de ces erreurs.

Que si l’on n’en peut pas rendre une plus grande à un decret mesme d’un Concile œcumenique, Et si les Theologiens les plus catholiques avant toutes ces disputes ont declaré dans leurs escrits, et justifié par plusieurs exemples celebres de l’histoire de l’Eglise, qu’on peut souvent sans manquer au respect legitime qu’on doit à ces saintes assemblées, où le saint Esprit preside, revoquer en doute ce qui y aura esté exprimé, ou mesme jugé, non en des points de foy qui obligent la creance de tous les fidelles, mais en des points particuliers qui regardent le fait, les personnes, les escrits d’auteurs catholiques, et qui estoient dans la communion de l’Eglise, et autres semblables matieres qui demandent souvent une tres-longue et tres-exacte discussion, n’est-ce pas rendre un aussi grand respect à la Constitution du Pape qu’à un decret d’un Concile General que de recevoir absolument ce qu’il a decidé touchant la doctrine, et de laisser seulement en quelque doute un point de fait, sçavoir si ces Propositions sont ou ne sont pas de Jansenius, qui a esté supposé pour veritable, parce qu’on l’avoit ainsi exposé au Pape, sans que le Pape ait declaré dans sa Constitution qu’il l’ait fait examiner ; et de protester en mesme temps, que si elles sont dans son livre, on les y condamne, et qu’on ne veut mesme sur ce sujet entrer en aucune contestation ; mais demeurer dans la plus grande sousmission que l’on doive aux Conciles