de pieté ; ou de vous persuader que je ne recherche
en cela que vostre veritable bien, et il faudroit que
vous fussiez bien revenus de vos égaremens pour le
reconnoistre. De sorte que je me trouve estrangement
engagé dans l'heresie, puisque la pureté de ma
foy estant inutile pour me retirer de cette sorte d'erreur,
je n'en puis sortir, ou qu'en trahissant ma
conscience, ou qu'en reformant la vostre. Jusques là
je seray toûjours un méchant et un imposteur ¹, et
quelque fidèle que j'aye esté à rapporter vos passages,
vous irez crier par tout : Qu'il faut estre organe
du demon pour vous imputer des choses, dont il n'y a
ny marque ny vestige² dans vos livres ; et vous ne
ferez rien en cela que de conforme à vostre maxime
et à vostre pratique ordinaire, tant le privilege que
vous avez de mentir a d'étenduë . Souffrez que je
vous en donne un exemple que je choisis à dessein,
parceque je répondray en mesme temps à la 9. de
vos impostures; aussi bien elles ne meritent d'estre
refutées qu'en passant.
Il y a dix ou douze ans qu'on vous reprocha cette maxime du P. Bauny³ : Qu'il est permis de rechercher directement, PRIMÒ ET PER SE, une occasion prochaine de pecher pour le bien spirituel ou temporel de nous ou de nostre prochain, tr. 4. q. 14. dont il ap-
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1. W. ajoute : semper hereticus.
2. Cf. la citation que Pascal donne à la page suivante.
3. W. quam Baunius vester refert pag. I. tr. 4. q. 14 p.94. ex Basilio Pontio, cujus sensui libens subscribit. — Cf. sur ce texte de Bauny la cinquième Provinciale, T. IV, p. 308 sq. et la dixième. T. V, pp. 230 sq. et 262 sq.