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QUINZIÈME PROVINCIALE — INTRODUCTION


faisoit servir la predication de l'Évangile de charité, et de paix à inspirer aux fidelles la violence et l'aigreur contre de pretendus ennemis de Dieu et de son Eglise. On y mesloit de sanglantes et d'infames calomnies. On vouloit faire passer des personnes de condition, d'une pieté publiquement reconnuë, et d'une charité exemplaire, pour des voleurs et des sacrileges. On vouloit faire croire à tout Paris, que ceux-mesmes qui avoient contribué des sommes notables de leur propre bien pour des aumosnes publiques, lesquelles avoient été ordonnées par feu Monsieur l'Archevesque, avoient ravy à Dieu et aux pauvres celles que les autres avoient faites... [p. 192 sq.].

Caussin — Apologie pour les Religieux de la Compagnie de Jesus. A la Reyne Regente. Par le P. Nicolas Caussin, de la mesme Compagnie. A Paris, 1644, 299 p. in-8°.

p.120 Il [l'auteur de la Theologie morale des Jesuites] dit encore avec plus d'impudence, en la page vingt-septième de son livre [1er éd.], que le P. Bauny a escrit qu'on peut rechercher directement, en premier chef et par dessein expres, une occasion prochaine de pecher pour quelque bien temporel ou spirituel de nous ou de nostre prochain. Sur cela on va voir l'endroit qu'il cite, on lit la page et les marges, les antecedents et consequens¹ ; on court tout le traité et mesme tout le livre; on n'y trouve pas un seul vestige de cette sentence qui ne pourroit tomber que dans l'ame d'un homme extremement perdu de conscience, et qui semble ne pouvoir estre supposée que par l'organe d'un Demon : fiez-vous

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Champagne et la Picardie avaient souffert de la famine durant l'hiver de 1649 ; en 1650, les belles récoltes y furent consumées par les armées ennemies. Ces catastrophes déterminèrent un admirable mouvement de charité ; on recueillit 132 000 livres à Paris de septembre 1650 à mai 1651, cf. L'Anmosne chrestienne, 1658, préface. - Jean Daniou, jésuite français (1611-1683).

1. La citation de Caussin se trouve en entier, avec renvoi à la page 120 et avec cette variante : les avant propos et les suites (variante suive par Pascal) dans la Lettre d'un Théologien à Polémarqae. p. 28.