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monies ? Quelle infamie est-ce à cet Ecrivain scandaleux, et à tout le Port-Royal, d’alterer la verité avec tant de hardiesse ? Est-ce donc là ce qu’on appelle estre sincere comme un Janseniste? c’est à dire mentir avec assurance, déguiser avec artifice, médire sans remors, publier sans pudeur les plus insignes faussetez, et ne craindre ni le jugement des sages, ni le reproche des gens de bien, pourveu qu’on puisse tromper le peuple ? Je ne dis rien de l’ignorance de ce Censeur au fonds de la doctrine, je le feray dans la seconde Partie. Il ne s’agit icy que de faire voir ses impostures.

ADVERTISSEMENT AUX JANSENISTES. — J’advertis le Port-Royal que c’est un abus simoniaque, que d’acheter des plumes venales avec des Benefices, et de leur donner ces Benefices comme le prix de leur travail, afin de publier des heresies contre la foy de l’Eglise, et des calomnies horribles contre les Ordres Religieux : tels Ecrivains sont pensionnaires de Sathan, qui est le Pere du mensonge, et le premier calomniateur du monde [15e Pr. T. VI, p. 209].

III. IMPOSTURE [p. 382 sqq.]. — Que les Jesuites favorisent les banqueroutes, parce que le P. Lessius asseure que celuy qui fait banqueroute peut en seureté de conscience retenir de ses biens autant qu’il est necessaire pour faire subsister sa famille avec honneur, ne indecorè vivat, encore qu’il les eust gagnez par des injustices et des crimes connus de tout le monde. Lett. 8. p. 4.

RESPONSE. — Le disciple des Calvinistes a pris ce reproche dans les Traditions de son maistre [Du Moulin], p. 334. et il n’a changé que le nom de Navarre: mais il a adjoùté tant de déguisemens et d’impostures, qu’il paroist bien qu’il n’a plus rien à perdre, et qu’il a renoncé à l’honneur par une cession publique. Je veux vous exposer la doctrine de Lessius qui est excellente et digne d’estre considerée sur tout dans la corruption de ce siecle.

Cet Autheur au second livre de Just. ch. 16. d. I. enseigne premierement, qu’une personne reduite à la derniere necessité ne pouvant payer ses creanciers qu’il ne s’oste la vie