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DOUZIÈME PROVINCIALE. — INTRODUCTION 317

Pour les personnes Laïques, qui ont de grandes richesses, soit qu’ils les ayent acquises par leur industrie, ou qu’ils les ayent trouvées dans leur maison, il asseure aussi qu’ils sont obligez sous peine de damnation à donner l’aumosne. Mais il demande sur quel principe est fondée cette obligation, et rejettant l’opinion de Caietan qui l’établit sur ce qu’un homme riche est tenu de donner aux pauvres le superflu de ses biens, qui est leur partage, il dit que cette raison ne luy semble pas assez forte, et que les riches s’en pourroient facilement defendre, disans qu’ils n’ont rien de superflu ; veu que dans le sentiment mesme de Caietan, les personnes du monde peuvent se servir de leurs biens pour relever leur condition par des voyes legitimes, statum quem licitè possunt acquirere, et pour acquerir des charges, pourveu qu’ils en soient dignes, statum quem digne possunt acquirere (ce sont les mots de Vasquez qu’il repete par deux fois en ce traitté c. I. dub. 3. n.26. et que le Janseniste a supprimez) par consequent qu’on n’appelle point superflu ce qui leur est necessaire pour y parvenir. D’où il conclut qu’il faut établir ce devoir sur un autre fondement qui le rende indispensable, qui est celuy de la charité, qui n’oblige pas seulement les riches à faire l’aumosne du superflu de leurs biens, mais encore du necessaire dans le sens que je viens de dire 1. Cette doctrine n’est-elle pas

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perfluo consanguineos ditaret, quod non est credibile, et paulo pôst: in Clerico enim beneficiario, quia pater est, lex charitatis obligat de superfluo, in quo excedit obligationem secularium. Vasquez de eleemos. 4. n. II. — Ecclesiastici verò præcipuè Episcopi tenentur pauperes inquirere, quia sunt pauperum parentes, et esse débet illorum cura erga pauperes. ib. n. 14. (Note des Impostures).

1. Sed contrà est quod si est necessariam, quod aliquis meo superfluo egeat, ut ego tenear erogare illud : ergo non tantùm superfluum est ratio dandi eleemosynam, sed etiam alterius necessitas : ratio ergo illius obligationis illinc nascitur, quod charitas postulet, ut mihi superfluum, quod est alteri necessarium, illi erogem, ne alius indigeat. c. I. d. 3. n. 21. — Ordo ergo charitatis talis esse debet, etc. vitam enim proximi cum detrimento vitæ meæ non teneor tueri, cum detrimento ceterorum teneor, et sic de reliquis, aliàs quomodo charitas Dei manet in nobis ? c. I. dub.