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ONZIÈME PROVINCIALE 325

ferée à leur satisfaction. Je croy, mes Peres, qu’il n’y a rien dans mes Lettres qui tesmoigne que je n’aye pas eu ce desir pour vous, et ainsi la charité vous oblige à croire que je l’ay eu en effet, lors que vous n’y voyez rien de contraire. Il paroist donc par là que vous ne pouvez monstrer, que j’aye peché contre cette regle, ny contre aucune de celles que la charité oblige de suivre ; et c’est pourquoy vous n’avez aucun droit de dire, que je l’aye blessée en ce que j’ay fait.

Mais si 1 vous vous voulez, mes Peres, avoir maintenant le plaisir de voir en peu de mots une conduite qui peche contre chacune de 2 ces regles, et qui porte veritablement le caractere de l’esprit de boufonnerie, d’envie, et de haine, je vous en donneray des exemples. Et afin qu’ils vous soient plus connus et plus familiers, je les prendray de vos escrits mesmes.

Car pour commencer par la maniere indigne dont vos Auteurs parlent des choses saintes, soit dans leurs railleries, soit dans leurs galanteries, soit dans leurs discours serieux ; trouvez-vous que tant de contes ridicules de vostre P³. Binet dans sa consolation des malades soient fort propres au dessein qu’il avoit pris de consoler chrestiennement ceux que Dieu afflige ? Direz-vous que la maniere si profane

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1. PAB. vous, manque.

2. P. [ses].

3. W. Provincialis vester. — Voici le titre de cet ouvragée: Consolation et resjouissance pour les malades et personnes affligées... par Estienne Arviset prédicateur du Roy, 2e édit. reveuë et augmentée, Rouen 1617, 636 p. in-12.