Page:Œuvres de Blaise Pascal, V.djvu/331

Cette page n’a pas encore été corrigée

ONZIÈME PROVINCIALE 315

de ses ennemis, parce qu’elle est assurée de la victoire. Il est vray qu’il faut prendre garde que les railleries ne soient pas basses et indignes de la verité. Mais à cela prés, quand on pourra s’en servir avec adresse c’est un devoir que d’en user. Ne trouvez-vous pas, mes Peres, que ce passage est bien juste à nostre sujet : 1 Ce que j’ay fait n’est qu’un jeu avant un veritable combat. Je n’ay fait encore que me joüer, et vous monstrer plûtost les blessures qu’on vous peut faire que je ne vous en ay fait. J’ay exposé simplement vos passages sans y faire presque de reflexion. Que si on y a esté excité à rire, c’est parceque les sujets y portoient d’eux-mesmes. Car qu’y a-t’il de plus propre à exciter à rire, que de voir une chose aussi grave que la Morale Chrestienne, remplie d’imaginations aussi grotesques que les vostres.

On conçoit une si haute attente de ces maximes, qu’on dit que JESUS-CHRIST a luy-mesme revelées à des Peres de la Societé 2, que quand on y trouve qu’un Prestre qui a receu de l’argent pour dire une Messe, peut outre cela en prendre d’autres personnes en leur cedant toute la part qu’il a au sacrifice ; qu’un Religieux n’est pas excommunié pour quitter son habit, lorsque c’est pour danser, pour filouter ou pour aller incognito en des lieux de débauche; et qu’on satisfait au precepte d’oüyr la Messe en entendant quatre quarts

______________________________________________________________

1. B. [Les lettres que j’ay faites jusques icy ne sont]... — Cf. cette note que Pascal écrivit peu après cette Provinciale {Pensées, fr. 921, T. III, p. 345). « Je n’ay pas tout dit, vous le verrez bien. »

1. Cf. cette citation prise à l’Imago sæculi, supra p. 306.