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284 ŒUVRES

vous representer icy, puis que vous tesmoignez le desirer, le peu que j’ay pû remarquer de la conduitte de ces grands Saints, qui ayans soustenu la cause de Dieu avec des armes de Dieu, comme parle S. Paul, ont esté les disciples des Apostres qui les avoient devancez, et seront jusques à la fin du monde les maistres de tous les vrais ministres de Jesus-Christ qui les doivent suivre.... [p. 314].

IV. I ere Question touchant la Raillerie. Qu’il y en a des exemples dans l’Escriture.

p. 12. .... On peut considerer. Monsieur, que Jesus-Christ a plustost fait dans l’Evangile, la fonction de Docteur et de Predicateur de la Justice, que celle d’escrivain et de deffenseur de la verité contre ceux qui la combattent, puis que les anciens Peres ont marqué particulierement, qu’il n’a jamais rien escrit. De sorte, que c’est dans la Tradition de son Eglise qu’on doit rechercher la conduitte de son esprit en ce point de discipline comme en quelques autres, quoy que Saint Basile et S. Augustin tesmoignent, comme on le verra ci-apres, qu’il n’a pas esté eloigné d’establir par son propre exemple la pratique qu’ont suivie les Peres de son Eglise.

Ainsi, Monsieur, il a condamné les fausses joyes du corps et de la sensualité, et les ris de dissolution et de débauche, dans la vanité et l’impureté desquels il tesmoigne que les riches du monde se respandent par le déreglement de leur cœur, et par l’intemperance de leurs mœurs. Mais il n’a pas condamné les joyes de l’esprit, et les ris de jugement et de raison, lesquels au contraire le Saint-Esprit semble approuver dans l’Escriture lors qu’il dit, qu’il y a un temps de pleurer, et un temps de RIRE (Eccles. c. 3. 4.), et lesquels nous voyons avoir esté seulement moderez, mais non pas rejettez absolument par les Saints, comme on le pourroit verifier par plusieurs exemples. Il a condamné les ris des fous et les bouffonneries déreglées dont parle Saint Paul (Eph. 5. 4.), qui ne viennent que de legereté, d’indiscretion et de vanité. Mais il n’a pas condamné les ris des Sages et des vertueux, qui viennent de la lumiere de la prudence, et du discernement de l’esprit,