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DIXIÈME PROVINCIALE 269

suffît avec le sacrement pour justifier les pecheurs, ne s’ensuit-il pas de là qu’on pourra toute sa vie expier ses pechez de cette sorte, et ainsi estre sauvé, sans avoir jamais aimé Dieu en sa vie ? Or vos Peres oseroient-ils soutenir cela? Je voy bien, respondit le Pere, par ce que vous me dites, que vous avez besoin de sçavoir la doctrine de nos Peres touchant l’Amour de Dieu. C’est le dernier trait de leur Morale, et le plus important de tous. Vous deviez l’avoir compris par les passages que je vous ay citez de la contrition. Mais en voicy d’autres 1 et ne m’interrompez donc pas; car la suite mesme en est considerable. Escoutez Escobar, qui rapporte les opinions differentes de nos auteurs sur ce sujet dans la pratique de l’amour de Dieu selon nostre Societé, au tr. I. ex. 2. n. 21. et tr. 5. ex. 4. n. 8. sur cette question. Quant est on obligé d’avoir affection actuellement pour Dieu ? Suarez dit 2, que c’est assez si on l’aime avant l’article de la mort, sans determiner aucun temps. Vasquez, qu’il suffit encore à l’article de la mort. D’autres, quand on reçoit le baptesme. D’autres, quand on est obligé d’estre contrit. D’autres, les jours de festes. Mais nostre Pere Castro Palao combat toutes ces opinions là, et avec raison: Meritò. Hurrtado de Mendoza pretend qu’on y est obligé tous les

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1. B. [plus précis sur l’amour de Dieu,] ne.

2. W. corrigeant une erreur de Pascal: Omissà Suaris sententiâ, quem jam diximus actum contritionis, sive Dei amoris præceptum quidem putare, sed sine temporis determinatione. Audi Escobarium reliquorum sententias referentem t. I. exam. 2. num.21. Putat Vasquez.... — Cf. ces textes d’Escobar, supra p. 242 sqq.