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faut bien que cela ne soit pas. Car nos Peres du College de Clermont 1 ont soustenu dans leurs Theses du 23. May 2 et du 6. Juin 1644. col. 4.n. I. qu’une attrition peut estre sainte et suffisante pour le Sacrement, quoy quelle ne soit pas surnaturelle. Et dans celles du mois d’Aoust 1643. qu’une attrition qui n’est que naturelle suffit pour le Sacrement, pourveu qu’elle soit honneste. Ad sacramentum sufficit attritio naturalis, modo honesta. Voilà tout ce qui se peut dire, si ce n’est qu’on veuille ajouster une consequence, qui se tire aisément de ces principes : qui est, que la contrition est si peu necessaire au sacrement qu’elle y seroit au contraire nuisible, en ce qu’effaçant les pechez par elle-mesme, elle ne laisseroit rien à faire au sacrement. C’est ce que dit nostre Pere Valentia, ce celebre Jesuite, Tom. 4. Disp. 7. qu. 8. p. 4 3. La contrition n'est point du tout necessaire pour obtenir l’effet principal du sacrement, 4 et au contraire elle y est plustost un obstacle : Imò obstat potiùs quominùs effectus sequatur. On ne peut rien desirer de plus à l’avantage de l’attrition. Je le croy, mon Pere ; mais souffrez, que je vous en dise mon sentiment, et que je vous fasse voir à quel excés cette doctrine conduit. Lors que vous dites, que l’attrition conceuë par la seule crainte des peines 5

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1. W. Parisiens es nostri Patres.

2. W. [23. Martii]. — Sur ces thèses, cf. les textes d’Arnanld cités, supra p. 220 et 221.

3. Cf. ce texte de Valentia, supra p. 247 sq.

4. B. [mais].

5. W. ne met pas cette phrase en caractères italiques.