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un de leur Compagnie, avec Approbation de leur General, et de plusieurs autres de leurs Theologiens), parle avec de grands Eloges, veut faire croire que la vanité et la bonne opinion de soy-mesme, qui est la peste la plus dangereuse des mœurs, est une recompense que Dieu donne à ceux qui ne meritent pas l’estime et les louanges des hommes. C’est un effet, dit-il, de justice commutative, que tout travail honneste soit recompensé ou de loüange, ou de satisfaction. Quand les bons Esprits font un Ouvrage excellent, ils sont justement recompensez par les applaudissemens et par les louanges communes, etc. Quand un pauvre Esprit travaille beaucoup pour ne rien faire qui vaille, il n’est pas juste ny raisonnable quil attende les loüanges publiques : car elles ne luy sont pas deües. Mais afin que ses travaux ne demeurent pas sans recompense, Dieu luy donne une satisfaction personnelle ; laquelle personne ne luy peut envier sans une injustice plus que barbare. Ce qu’il explique par une comparaison ridicule. Tout ainsi que Dieu qui est juste, donne de la satisfaction aux grenouilles de leur chant 1 (Garasse, Somme Theol. l. 2. p. 419) [p. 200 sq.].

p. 4. n. X. Ils ne trouvent aucun péché à une femme qui se pare avec une curiosité excessive, Encore qu’elle ait connoissance du mauvais effet que sa diligence à se parer opereroit, et au corps et en l’ame de ceux qui la contempleroient ornée de riches et precieux habits, pourveu qu’elle n’ait pas for-

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gique des Veritez Capitales de la Religion Chrestienne, par le R. P. François Garasse, Théologien de la Compagnie de Jesus, 1625, f°. Ce livre, réfuté par l’abbé de Saint-Cyran dans : La Somme des fautes et faussetez capitales contenues en la Somme Theologique du Pere François Garasse de la Compagnie de Jesus ; divisée en 4 tomes qui contiendront .... le 4e: plusieurs heresies, erreurs, impietez, irreverences, bouffonneries, vanitez et vanteries insupportables, Paris, 1626, in-4o, fut censuré par la faculté de théologie de Paris, le Ier septembre 1626.

1. Voici la phrase de Garasse: « Aristote a remarqué que quand les grenouilles criaillent, elles font des panegyriques de leur chant, lequel neantmoins nous rompt la teste, mais Dieu est si juste qu’il leur en donne de la satisfaction, autrement le blasme public joint à leur mecontentement seroit suffisant pour les reduire au desespoir. »